Hommage à Botticelli - 515 ans de sa mort

Berthille Lorillou
Publié le 17 Mai 2025
Hommage à Botticelli - 515 ans de sa mort

A l'occasion des 515 ans de sa disparition, Museum TV souhaite lui rendre hommage et revient sur le parcours du maître de la Renaissance : Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi dit Sandro Botticelli naît à Florence le 1er mars 1445. Il fait partie de ces artistes de la génération du Quattrocento avec Michel-Ange, Raphaël, et Donatello. Il est reconnu comme étant l’un des peintres les plus mémorables de la Renaissance italienne.

La Florence du Quattrocento

Florence, capitale de la Toscane et centre artistique prolifique est à l’époque gouvernée par la famille des Médicis. Les Médicis grâce à leur goût accru pour les arts et les lettrent eurent une grande influence sur les écrivains et artistes dont Botticelli qui reçut un nombre certain de commandes de leur part. Parmi eux le Retable du Trebbio réalisé entre 1497 et 1499 commandé par Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis.

Sandro Botticelli, Retable de Trebbio, Vierge à l’enfant sur un trône avec les saints Dominique, Cosmas, Damien, François, Laurent et Jean-Baptiste,
Sandro Botticelli, Retable de Trebbio, Vierge à l’enfant sur un trône avec les saints Dominique, Cosmas, Damien, François, Laurent et Jean-Baptiste, 1497-1499, huile, tempera et plâtre sur toile, 177 x 205 cm, Galerie de l’Accademia à Florence.

La cité est peuplée de banquiers, commerçants et industriels ce qui lui octroie ce dynamisme et cette aisance économique. Les fêtes publiques, cortèges, représentations théâtrales et profanes stimulent l’inspiration des artistes.

La théorie de la perspective

La production artistique dans la Florence du Quattrocento est marquée par deux éléments majeurs : l’intérêt pour l’héritage antique et la perspective. En effet, Brunelleschi et Leo Battista Alberti ont énoncé les règles de la perspective. Aberti publie en 1435 De Pictura, ouvrage incontournable à ce sujet. La théorisation de la perspective a permis aux Quattrocentistes de restituer la nature aussi fidèlement que possible. Ceci n’est pas sans rappeler l’anecdote de Zeuxis et Parrhasios rapportée par Pline selon laquelle Zeuxis eut représenté des raisins si réalistes que des oiseaux venait picorer la peinture. À titre comparatif, avant la théorie sur la perspective, Giotto, artiste de la Pré-Renaissance entassait ses figures ce qui brouillait quelque peu la lecture. 

Le baiser de Judas - Giotto di Bondone
Giotto di Bondone, Le baiser de Judas, 1303-1305, fresque, Padoue, Chapelle Scrovegni

Formation de peintre

Ainsi, vers 1461-1462, Botticelli débute son apprentissage auprès de Fra Filippo Lippi. À l’époque la formation artistique du peintre débutait vers dis ou douze ans en tant qu’apprenti dans un atelier. Ses missions consistaient en la préparation des couleurs, les panneaux, le mortier pour les fresques. Il apprenait en observant son maître. Puis, le futur peintre obtenait le statut de compagnon où il assistait le maître dans ses travaux. Une fois sa formation terminée, il quittait son maître afin de s’établir à son compte.

Lippi, La Vierge et l'enfant entourés d'anges On observe la Vierge tenant l'enfant avec des représentants religieux agenouillés
Fra Filippo Lippi (Filippo di Tommaso), La Vierge et l’Enfant entourés d’anges, de saint Frediano et de saint Augustin, dit Pala Barbadori, 1437, huile sur bois, 208 x 244 cm, Paris, Musée du Louvre

Les premières peintures de Botticelli attestent de l’influence de son maître Fra Filippo Lippi. Comme la Vierge à l’enfant, avec deux anges et Saint Jean Baptiste de 1468 ou encore la Madone de l’Eucharistie de 1470. La clarté des lignes et l’utilisation de la beauté féminine. La tendresse et l’attitude calme aux expressions apaisées est caractéristique de l’art de Botticelli au début de sa carrière.

Les techniques

Les deux techniques majeures de la Renaissance italienne sont : la peinture à fresque, réalisée sur les murs et la peinture à l’œuf, majoritairement sur panneaux de bois.

  • La peinture à l’huile n’était que très rarement employée.  
  • La peinture à fresque consistait à peindre sur un mortier de sable et de chaux encore frais.
  • La peinture à l’œuf reposait sur un mélange de couleurs en poudre et jaune d’œuf coupé à l’eau. 

Les Médicis, des mécènes sûrs

Fra Filippo Lippi ayant bénéficié du patronage de la famille des Médicis, son élève eut à son tour ce privilège. Botticelli réalise alors une grande quantité de tableaux mythologiques pour la famille régnante. Pallas et le Centaure en fait partie, commandé par Lorenzo le Magnifique possiblement à l’occasion du mariage de son cousin Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis avec Semiramide Appiani.

Sandro Botticelli, Pallas et le Centaure
Sandro Botticelli, Pallas et le Centaure, 1482-1483, tempera sur toile, 207 x 148 cm, Florence, Galerie des Offices

Autre mécène important de Botticelli, la famille Vespucci, proche de la famille des Médicis. Dont Amerigo Vespucci, l’explorateur et voyageur qui a donné son nom aux Amériques. Une des œuvres les plus connu réalisée pour cette famille est le portrait de Simonetta Vespucci. Ce portrait de jeune femme idéalisée sous les traits mythologiques d’une nymphe arbore les traits de Simonetta Vespucci. La maîtresse de Giuliano de Médicis prématurément décédée est présentée de profil, comme beaucoup de ses portraits. Son pendentif aux allures de camée antique appartenant à la collection de la famille des Médicis place la jeune femme dans le cercle proche de cette famille. Piero di Cosimo (1462-1522), sous la plausible commande de Giuliano de Médicis, s’empare à son tour de ce sujet. Il représente la femme avec le buste nu ce qui est inhabituel pour un portrait du XVe siècle. Les nuages noirs et le serpent qui se mord la queue sembleraient indiquer le destin funèbre se Simonetta, ayant succombé de phtisie à vingt-trois ans en 1476.

Être peintre au Quattrocento

À cette période, les artistes étaient considérés comme des artisans au même titre que les cordonniers. Les artistes Italiens du Quattrocento devaient faire partie d’une corporation afin d’avoir des commandes. À l’instar des artistes contemporains, les artistes de ce siècle travaillent presque exclusivement sur commande. Le client spécifiait la technique et les pigments à utiliser, en fonction du coût de ces derniers en particulier. Il indiquait également le prix versé à l’artiste.  

Dès 1467-1468, Botticelli dispose d’un atelier indépendant. En 1472, il rejoint la guilde des peintres florentins, la Compagnie de Saint-Luc. La Compagnia di San Luca, confrérie religieuse et professionnelle florentine est fondée en 1339. Les peintres et artistes sont placés sous le patronage de saint Luc, saint patron des peintres.  

La notoriété du peintre est telle qu’en 1481, Botticelli est appelé par le pape Sixte IV sur le chantier de la Chapelle Sixtine à Rome. Il réalise alors des fresques principales dont La Tentation du Christ et Le Châtiment des Rebelles ainsi que quelques portraits de papes comme le pape Sixte II.

Botticelli, Période sombre et renaissance

Le climat politique tourmenté à Florence marque la fin de sa carrière. À la suite de la mort de Laurent de Médicis dit Laurent le Magnifique en 1492. Charles VIII envahit Florence en 1494, donnant l’occasion à Savonarole de prendre la tête de la ville. Il instaure un régime théocratique. Il élève un “bûcher des Vanités” sur la piazza della Signoria où les Florentins brûlent ce qui peut les éloigner de la morale. Une partie des œuvres de Botticelli ont disparu à cette occasion.

Sandro Botticelli retranscrit cette période austère et les attaques contre ses mécènes dans ses productions.

Sandro Botticelli décède le 17 mai 1510 à Florence dans la pauvreté. Son art est négligé pendant plusieurs siècles avant d’être redécouvert par un essai de Walter Pater. Le mouvement préraphaélite du XIXe siècle avec Dante Gabriel Rossetti notamment s’intéresse à la peinture de la Renaissance Italienne avant Raphaël. Botticelli devient alors une source d’inspiration importante.

Œuvre du jour

Botticelli eut à traiter à plusieurs reprises un thème récurrent en histoire de l’art chrétien ; l’Adoration des Mages. Commandée par Gaspare di Zanobi del Lama, un partisan des Médicis, la version de 1476 devait être placée dans une chapelle de l’église Santa Maria Novella.  

L’Adoration des mages d’après l’Évangile selon Matthieu inscrit pendant la Nativité. D’après la tradition chrétienne, les trois Rois Mages : Melchior, Gaspard et Balthazar auraient rendu hommage à l’enfant Jésus en lui apportant respectivement de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

La popularité de cette thématique iconographique à Florence s’explique par un événement annuel. Lors de l’Epiphanie, les Médicis participaient à la procession des rois Mages.  

Dans cette œuvre, la scène est située dans un édifice en ruine. La composition pyramidale mettant en valeur le groupe constitué par la Sainte Famille. Le Roi Mage agenouille au premier plan portant une robe rouge est le centre pictural de l’œuvre. Botticelli introduit ici des personnages contemporains tel Cosme de Médicis, Rois mage agenouillé aux pieds de l’Enfant, Pierre Ier de Médicis, le Roi Mage à la robe vermillon, Jean et Julien de Médicis à sa droite. Laurent de Médicis semblerait être représenté à gauche, tenant une épée entre ses jambes. En symétrie, l’homme drapé dans un manteau d’ocre rousse pourrait être un autoportrait du peintre lui-même.

Sandro Botticelli, L’Adoration des mages
Sandro Botticelli, L’Adoration des mages, v.1476, tempera sur bois, 111 x 134 cm, Florence, Galerie des Offices

À l’occasion des 515 ans de la disparition de Sandro Botticelli, figure emblématique de la Renaissance, cet hommage est aussi l’occasion de (re)découvrir l’incroyable influence de ce courant artistique qui a profondément marqué l’histoire de l’art. Pour prolonger cette immersion, explorez notre sélection de documentaires consacrés aux grands maîtres de la Renaissance sur notre plateforme de vidéo à la demande : my.museumtv.art. Une plongée fascinante au cœur de la créativité, de l’innovation et du génie artistique.