5 oeuvres méconnues de Edouard Manet

Publié le 28 Mai 2021
5 oeuvres méconnues de Edouard Manet

Edouard Manet est l’un des chefs de file de l’impressionnisme, aux côtés de Claude Monet et Auguste Renoir que Museum TV met en lumière durant ce mois de mai. Pour lui rendre hommage, la chaîne vous présente aujourd’hui 5 œuvres méconnues par le grand public mais pourtant majeures du peintre impressionniste. 

Le suicidé

Terrible tableau d’Edouard Manet. Terrible, en contexte, mais grandiose en art. Peint entre 1877 et 1881, il représente l’instant d’après le coup fatal. Le moment fatidique, sublimé par le peintre impressionniste, nous donne à voir un homme en tenue de soirée, visiblement aisé, tenant un revolver indiquant la manière dont il s’est donné la mort. Mais qui est donc ce suicidé ? La réponse fait encore débat aujourd’hui. Pour certains, Manet se serait inspiré de son jeune assistant, Alexandre, qui s’est suicidé en 1859 ou 1860. C’est là que la controverse se fait : Alexandre s’est pendu et non suicidé par balle. Selon Emile Zola, ami du peintre, il s’agirait  du suicide par balle du peintre Jules Holzapffel en 1866. Le mystère reste complet !

Les bulles de savon

Le portrait, peint en 1867, représente Léon Koelin-Leenhoff, fils de Manet et sa femme Suzanne Manet, qui était alors sa concubine. La paternité de Manet n’a pourtant jamais été confirmée, ce dernier ne l’ayant jamais reconnu. Léon, âgé de 15 ans, bien qu'il semble nettement plus jeune, joue à faire des bulles de savon, censées représenter la brièveté de la vie. Manet s’est probablement inspiré de la toile “Les Bulles de savon” de Jean Siméon Chardin plus de 100 ans plus tôt, en 1734.

"Les Bulles de savon" Jean Siméon Chardin (environ 1733–1734)
© The Metropolitan Museum of Art

Clair de lune sur le port de Boulogne

Exposée au musée d’Orsay, cette toile est un véritable chef-d'œuvre. Représentant, comme son nom l’indique, une douce soirée éclairée par la pleine lune sur le port de Boulogne, elle aurait été peinte de la fenêtre de l'hôtel Folkestone. En effet, le peintre impressionniste avait l'habitude de se rendre à Boulogne-sur-mer, dans le nord de la France, dans le cadre de ses vacances d’été.  C’est ici que cela devient intéressant. Grâce à une étude  historique et astronomique, des chercheurs ont été en mesure d’affirmer que Manet avait peint cette toile dans la nuit du 3 au 4 août 1868 vers minuit. Impressionnant ! On peut y voir des bateaux de pêche et les femmes des marins attendant leurs retours, éclairés par la toute puissance de la lune. Par ce tableau, Manet rend un hommage manifeste à Rembrandt, le pape des clairs-obscurs

Jésus insulté par les soldats

En voilà une œuvre remarquable. Difficilement identifiable comme étant signée de la main d'Edouard Manet, elle est pourtant son dernier sujet religieux. L’huile sur toile, réalisée en 1865, a une grande sœur, d’un an son aînée, intitulée “Le Christ mort et les anges. Manet, à qui on connaît très peu de tableaux représentants l’art sacré, sera vivement critiqué lors de la réception de son œuvre. En effet, cette toile représentant le Christ souffrant de la main de ses bourreaux est inadmissible pour l’époque : il est impensable que le fils de Dieu puisse être représenté dans la brutalité. La critique parlera de “l'horrible Ecce homo de M. Manet”, en référence à l’une de ses probables inspirations, le “Ecce homo” de Antoine van Dyck. Ce dernier se serait également entre autres  du Couronnement d'épines”  de van Dyck (1619-1620) ou encore "Le Couronnement d'épines” de Titien (1542-1543). Manet aurait tenté de décrire la barbarie dont a été victime le Christ telle qu’elle est évoquée dans  l'Évangile selon Matthieu. 

“ L'ayant dévêtu, ils jetèrent sur lui un manteau écarlate. Ils tressèrent une couronne avec des épines, qu'ils posèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite ; et, fléchissant le genou devant lui, ils lui disaient par dérision : « Salut, roi des Juifs! ». Ils lui crachaient aussi dessus et, prenant le roseau, ils en frappaient sa tête.”

Ecce Homo, Antoine van Dyck,  (vers 1625-1626)
© Barber Institute of Fine Arts 

Le Kearsarge à Boulogne

Encore une œuvre pour laquelle Manet à trouvé son inspiration à Boulogne-sur-Mer. Peinte en 1864, elle représente le sloop de guerre de l'Union USS Kearsarge ancré dans la station balnéaire.

Le 19 juin 1864, le Kearsarge a coulé le raider confédéré CSS Alabama lors de la bataille de Cherbourg, dans l'une des actions navales les plus célèbres de la guerre civile américaine. De nombreux spectateurs ont pu assister à la bataille depuis les côtes françaises. Manet en a  été inspiré pour réaliser cette peinture de la bataille. N'en ayant pas été témoin lui-même, il s'est appuyé sur les descriptions de la presse pour réaliser une scène imaginaire de la bataille. 26 jours après l'événement, il avait déjà terminé cette peinture et l'avait exposée dans l'imprimerie d'Alfred Cadart à Paris. La toile, qui est aujourd’hui connue sous le nom de “La bataille du Kearsarge et de l'Alabama”, est conservée au Philadelphia Museum of Art

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