ZOOM SUR... La Pietà de Michel-Ange

Publié le 25 Octobre 2018
ZOOM SUR... La Pietà de Michel-Ange

En ce dernier jeudi d’octobre, nous vous proposons de décrypter l’œuvre de Michel-Ange, à savoir la Pietà qui se trouve dans l’entrée de la Basilique St Pierre à Rome.  Vous nous connaissez maintenant à la rédac’, on s’est amusé à chercher des petits détails croustillants sur l’œuvre, et croyez nous, on a pas été déçus ! Et comme on est (hyper méga super) sympa, on vous partage tout ça !

Michelange, Pietà, 1499

 

1. Un artiste caractériel

On ne peut pas commencer à parler de la Pietà sans parler de son créateur, le très célèbre Michel-Ange. On ne vous apprend rien en vous disant qu’il est considéré comme un génie artistique et même 454 ans après sa mort, il est toujours considéré comme l’un des plus grands artistes au monde. Déjà de son vivant, il était influent et admiré. Il était source d’inspiration pour beaucoup de ses contemporains.

Daniele da Volterra, Portrait de Michel-Ange

Mais Michel-Ange était aussi connu pour avoir mauvais caractère ! Il était décrit comme quelqu’un d’avare, de peu aimable, qui cachait son argent dans les coutures de ses vêtements. L’artiste était connu pour ses colères et son caractère grognon. Il savait être blessant et désagréable mais son talent l’excuse, on l’aime quand même.

A l’époque, ce caractère excentrique était aussi accentué par le fait qu’il était homosexuel. Vasari, dans sa biographie de Michel-Ange affirme ouvertement qu’il aimait Tommaso dei Cavalieri, un jeune homme romain. Si cela peut paraître anecdotique aujourd’hui, à l’époque tous ces traits de caractère font de Michel-Ange une sorte de génie anarchiste, qui avance à contre-courant avec un aplomb sans faille !

 

2. Un chef d’œuvre express

Admirez la minutie de cette œuvre, le sens des détails de l’artiste. Cette sculpture réalisée dans un seul et même bloc de marbre a engendré un travail considérable de l’artiste. Alors on prend les paris et on vous laisse imaginer le temps que Michel-Ange a mis pour la réaliser. Pour indice de valeur, prenez l’Extase de Sainte Thérèse du Bernin située dans l’église Santa Maria Della Vittoria de Rome. Elle a nécessité 5 ans de travail.

Le Bernin, Extase Sainte Thérèse, 1647-1652

Alors, concernant la Pietà, vous dites quoi ? 6 ans ? 3 ans ?

Et bien non, on a tout faux ! Michel-Ange a mis mois d’un an pour sculpter son œuvre. Une manière encore d’affirmer son talent sans égal. Et pour accentuer tout ça, sachez qu’il n’avait que 23 ans à l’époque. Génie précoce dites-vous ?

 

3. La Signature

On arrive maintenant à l’élément le plus amusant de cette œuvre. La Vierge a une écharpe (un peu à la Miss France), sur laquelle figure une inscription. Il s’agit de la signature de Michel-Ange. Il  y a inscrit « MICHAEL ANGELUS BONAROTUS FLORENTINUS FACIEBAT » soit « Michel-Ange Buonarroti le Florentin l’a fait ». Jusqu’ici rien de bien amusant, mais rappelons qu’à l’époque, signer une œuvre, surtout religieuse n’était pas d’usage. Puis, Michel-Ange n’a signé aucune autre de ses œuvres. Alors pourquoi a t’il signé celle-là ? C’est là que tout devient drôle.

Venu rendre visite à sa Pietà, 4 ans après sa réalisation, l’artiste surprend une conversation entre deux visiteurs concernant l’œuvre. À ce moment il ne l’avait pas signé et d’une oreille avisé, il écoute leur conversation jusqu’au drame : l’un deux, subjugué par la sculpture et par la minutie du détail affirme être sûr qu’un tel travail ne peut avoir été réalisé que par un certain Gobbo le Milanais.

 

Vous vous souvenez du caractère de notre ami ? Et bien il n’en fallait pas plus pour nous l’énerver ! Vexé par cette remarque et le manque de reconnaissance, il a tout bonnement décidé de s’introduire et de s’enfermer dans l’église la nuit suivante et muni d’une bougie, il a passé la nuit à graver son nom, pour que chacun sache qu’il était à l’origine de ce chef d’œuvre. Il est filou notre Michel-Ange !

 

4. Le visage de la Vierge 

Le visage de la Vierge est certainement l’élément qui a fait le plus débat. Cet air doux et juvénile a choqué beaucoup d’historiens de l’art et de visiteurs. Si l’on regarde bien, la Vierge a un visage presque enfantin, ce qui crée un contraste avec le visage du Christ, son fils. Beaucoup trouvent que la mère à l’air plus jeune que son fils, et c’est effectivement quelque peu troublant.

Mais Michel-Ange s’est justifié en expliquant qu’il avait choisi de la représenter si jeune pour montrer qu’elle était pure, chaste, ce qui lui vaut de garder cette douceur et cette grâce. Et si le Christ paraît plus âgé, c’est pour montrer son humanité et les traces de sa vie de martyr, la souffrance et la mort. (Il a vraiment réponse à tout).

 

5. Le marbre de Carrare

Michel-Ange a réalisé cette sculpture dans un seul et même bloc de marbre. Il a lui-même été choisir le bloc de marbre dans lequel il allait sculpter ce qui deviendra son plus grand chef d’œuvre. Ce marbre était prisé par les sculpteurs car il était d’une blancheur intense et n’avait pas de veinage. Grâce à l’utilisation de ce marbre par Michel-Ange, qui l’a considéré comme le marbre le plus pur, la carrière du Monte Altissimo est aujourd’hui encore très prisée.

Bloc de marbre de Carrare brut

Mais, même si le marbre était d’une grande qualité, l’idée même que Michel-Ange ait réussi à en sculpter la Pietà paraît dingue. Réussir à réaliser un corps allongé et un corps vertical dans un seul et même bloc  est preuve d’un talent immense.

 

6. Désolés

Habituellement, on vous donne une petite anecdote rigolote pour conclure nos « Zoom Sur », mais là, on sèche. Alors on a réfléchi très très trèèèèès longtemps pour trouver une blague vraiment nulle. Donc on se lance, et on vous prie de ne pas trop nous juger :

Qu’a fait Michel-Ange de l’église la nuit où il y est entré par effraction pour signer son œuvre ?

Il en a fait son Pietà-terre.

 

Voilà, c’est tout pour nous.