"Le Bain Turc" de Jean-Auguste Dominique Ingres

Coline Lehembre
Publié le 25 Avril 2021
"Le Bain Turc" de Jean-Auguste Dominique Ingres

Voici une oeuvre choquante ! Et oui, ce tableau fut commandé par le prince Napoléon, cousin de Napoléon III, avant d’être poliment renvoyé à l’artiste. En effet, toute cette nudité avait choqué sa femme. Le Bain Turc est peint par Jean-Auguste Dominique Ingres entre 1852 et 1859.

Autoportrait à vingt-quatre ans, Jean-Auguste Dominique Ingres (1804)

Avec ce tableau, Ingres se lâche. La peinture met en scène un harem turc rempli de femmes, assises sur des sofas. Mais ces femmes sont à l’évidence très nues ! Un véritable étalage de chair, d’une sensualité ardente. À droite, au second plan des femmes se caressent dans une position lascive.
Au tout premier plan de l’oeuvre, une mystérieuse joueuse de tchégour nous tourne le dos dévoilant sa chute de rein. Une invitation sans équivoque au désir.

Pour ce tableau, Ingres n’a recourt à aucun modèle mais s'inspire de croquis et oeuvres qu’il a réalisés jadis. Comme La Baigneuse de Valpinçon, elle aussi mordante d’érotisme. La ressemblance avec la femme assise de dos au premier plan du Bain Turc est d’ailleurs frappante.
La volupté qui se dégage de ce tableau ne laisse aucune place à l'ambiguïté et c’est justement ce qui perturbe la femme du Prince Napoléon. Résultat : retour à l’envoyeur.

La Baigneuse de Valpinçon, Jean-Auguste Dominique Ingres (1808)

Mais cette toile qui a choqué la princesse n’est pas exactement celle que vous regardez. Non, à l’origine, le tableau était comme cela, de forme rectangulaire. Ingres, afin de "softer" un poil son oeuvre, la transforme avec cette découpe ronde. Ainsi, le format rappelle celui utilisé auparavant pour des sujets religieux. Et puis, il en profite pour masquer la fille très à l’aise au premier plan.

Chef de file du classicisme, l’artiste a profité de l’émergence de l’orientalisme pour peindre cette scène, fantasme d’un orient rêvé où les corps de femmes s'entremêlent exultant de beauté et de sensualité féminine.

Lieu d'exposition : Musée du Louvre