Etre une femme, être une peintre - Niki de Saint Phalle

Publié le 29 Octobre 2018
Etre une femme, être une peintre - Niki de Saint Phalle

« Vous les femmes, vous le charme, vos sourires nous attirent et nous désarment… Vulnérables, misérables, nous, les hommes… ». C’est l’été, caliente, le soleil, les palmiers. Et c’est signé Julio Iglesias.

Bon, finalement, quand on regarde dehors, c’est peut-être pas si caliente que ça, et c’est peut être pas l’été non plus. Mais ne soyez pas triste, on est là pour vous réchauffer le cœur.

Niki de Saint Phalle

Photographie de Niki de Saint Phalle en train de viser, noir et blanc rehaussée de couleur extraite du film « Daddy », 1972, © Peter Whitehead.

Aujourd’hui, c’est avec l’artiste Niki de Saint Phalle que nous avons rendez vous, et on a plutôt intérêt à se tenir à carreau, parce qu’elle ne rigole pas Niki (cf. photo ci dessus où elle nous menace de son arme !)

Niki de Saint Phalle est une plasticienne, peintre, sculptrice et réalisatrice française (rien que ça), née en 1930. Elle a tout d’abord été mannequin, et a appris l’art par elle même. Elle a eu deux mariages. Oui, elle aussi, on sait. Mais laissez nous vivre à la fin.

Niki de Saint Phalle

Niki de Saint Phalle, Nana, 1974, Allemagne

A l’âge de 22 ans, Niki est victime d’une dépression nerveuse. En hôpital psychiatrique, elle reçoit des électrochocs qui altèreront sa mémoire. Elle dit elle même : « J’ai commencé à peindre chez les fous… J’y ai découvert l’univers sombre de la folie et sa guérison ».

A 64 ans, Niki révèle dans son livre Mon secret, qu’elle fût violée par son père à l’âge de 11 ans.

Niki de Saint Phalle

En 1960, elle devient célèbre avec sa performance Tirs : l’artiste tire à la carabine sur des poches de peintures, éclatant sur des tableaux. C’est un symbole de la violence matérialisée, un moyen pour elle d’extérioriser ses démons.

Niki de Saint Phalle

Niki intègre le cercle des Nouveaux Réalistes, porté par Yves Klein. Elle participe notamment à l’exposition Le Nouveau Réalisme à Paris et à New York, et crée ses fameuses Nanas, femmes colorées en grillage, polyester et papier mâché. Au final, nous ce qu’on aime, c’est le symbole : la suprématie de la femme.

Niki de Saint Phalle

Niki de Saint Phalle, Les Trois Grâces, 1999

Alors il faut savoir qu’à l’époque, le mot « sculptrice » était considéré comme une faute de français, voire même, une faute de goût. Alors Niki a d’abord été définie comme sculpteur, puis femme-sculpteur. Et dans certains ouvrages, Niki ne figure qu’au « tableau récapitulatif ». Ok. Point.

Niki de Saint Phalle

Niki de Saint Phalle, Nana Fontaine, Stockholm

Niki soutient de nombreuses causes. Elle défend les Noirs américains et se bat pour la libération de la femme. Elle s’engage dans l’association AIDS et réalise un film sur le sida.

Mais Niki est belle. Enfin le monde la voit comme une belle femme. Discours misogynes et sous entendus commencent à suivre la trace de l’artiste. Elle est constamment associer à son mari, et au couple qu’elle forme avec lui (oui, on ne l’avait pas mentionné puisque ce n’était pas l’information primordiale, mais elle a été mariée à Jean Tinguely, un artiste du Nouveau Réalisme. Voilà. C’est tout.). Une confusion se met en place, les médias laissent entendre que l’unique artiste du couple n’est autre que son mari. Et ça, nous, on dit « non ». Tout simplement.

Niki de Saint Phalle

Niki de Saint Phalle, Nana sur fond rose, 1972

Niki est aussi connue pour son Golem, son monstre à trois langues, qui se situe dans le Rabinovitch Park à Jérusalem, et qui sert de toboggan. Bon au début, les parents ont eu peur d’effrayer leurs enfants. Et puis au final, on remercie le maire de la ville qui a tenu bon. Et voilà, il est toujours la.

Niki de Saint Phalle

Niki de Saint Phalle, Le Golem, 1972

En 1994, elle s’installe en Californie, notamment pour des raisons de santé. À cause de la poussière de polyester qu’elle découpait pour ses sculptures, l’artiste souffre d’insuffisance respiratoire et de polyarthrite rhumatoïde. Elle y installe toutefois son atelier, et réalise de moins en moins de peintures. Mais de plus en plus de sculptures. Elle meurt en 2002 mais reste dans nos coeurs, parce que n’oubliez jamais que « Who run the world ? Girls ! ». Et c’est pas nous qui le disons, c’est la Queen Beyoncé !