Hommage- Pierre Charles L’Enfant - 200 ans de sa mort le 14 juin 

Berthille Lorillou
Publié le 23 Juin 2025
Hommage- Pierre Charles L’Enfant - 200 ans de sa mort le 14 juin 

Pierre Charles L’Enfant est le second fils de Pierre Lenfant (1704-1787) et Marie Charlotte Leullier (1729-1755). Son père était peintre officiel de la Cour de France. Il réalise en particulier des scènes de guerres aujourd’hui conservées au château de Versailles. Pierre Lenfant est héritier d’une tradition artistique liée à la Manufacture des Gobelins.  

Tableau représentant la bataille de Lawfeld le 2 juillet 1747
Pierre Lenfant, La bataille de Lawfeld, le 2 juillet 1747, avant 1771, huile sur toile, 275 x 248,5 cm, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Transatlantique  

C’est justement auprès de son père qu’il étudie l’art à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture entre 1771 et 1776. De même, le jeune Pierre Charles fut spectateur des travaux de Versailles par Jacques-Ange Gabriel. En ces temps, l’école française d’architecture domine la scène européenne. L’abbé Marc-Antoine Laugier définit en 1755 les canons néo-classiques, en succession des maîtres comme Le Vau et Mansart dans son ouvrage Essai sur l’Architecture. Livre que Pierre Charles L’Enfant et le politicien américain Thomas Jefferson ont très probablement consulté.  

À 22 ans, Pierre Charles se porte volontaire pour entrer dans l’armée continentale européenne. En 1776, il embarque à bord de l’Amphitrite et rejoint l’Amérique du Nord suivi de La Fayette en 1777. La Guerre d’indépendance des États-Unis prend place de 1775 à 1782 et oppose les treize colonies anglaises d’Amérique du Nord à l’Angleterre. Lors du siège de Savannah en 1779, P.C. L’Enfant est gravement blessé mais continue de servir comme ingénieur militaire. Cette guerre est soldée par le Traité de Paris. Ce 3 septembre 1783, la Grande-Bretagne reconnaît l’indépendance des États-Unis.   

Esquisse d’un navire en noir et blanc datant de la Guerre d’Indépendance Américaine
Esquisse d’un navire datant de la Guerre d’Indépendance Américaine

En l’honneur de la fraternité d’armes franco-américaine, la société de Cincinnati est créée la même année avec Georges Washington comme président. Cette dernière est divisée en quatorze branches dont une pour chaque États fondateurs et une pour le Royaume de France qui rejoint cette société en 1784. Pierre Charles L’Enfant est alors chargé de transmettre le message en France et de produire une médaille commémorative. La médaille se compose d’un aigle américain et de couleurs bleue pour l'Amérique et blanche pour la France.  

Médaille commémorative de la Société des Cincinnati représentant un oiseaux au corps blanc et aux ailes couleurs ors
Médaille commémorative de la Société des Cincinnati

Un Français comme architecte 

Ces efforts pour les Amériques ont été remerciés par le Congrès qui nomma L’Enfant major des ingénieurs en 1783. Alors qu’il était rentré à Paris à la fin de la guerre, il emménage à New York dès 1784. Le français réalise plusieurs petits travaux tel la réhabilitation de l’ancien hôtel de ville en Federal Hall, destiné au Congrès des États-Unis (1788-1789). Il obtient les louanges du général-président Washington pour ce travail.  

Dessin représentant le Federal Hall en 1789
Le Federal Hall en 1789 qui sera ensuite modifié.

Le chantier le plus important dont L’Enfant a été chargé et aussi celui qui l’a mené à sa déchéance. Après la guerre, les pères fondateurs dont George Washington (1732-1799), Thomas Jefferson (1743-1826) ou encore Benjamin Franklin (1706-1790) jugent préférable que la capitale fédérale soit située à équidistance du nord et du sud. Ainsi, le 16 juillet 1790, le Residence Act définit le territoire qui accueillera la future Washington D.C, le long du fleuve Potomac sur une superficie de dix miles carrés (soit près de 25,9 kilomètres carrés). 

L’architecte débute alors un travail préparatoire dès 1791 avec des géomètres comme Joseph Ellicott, les frères Andrew ou encore Benjamin Banneker. Bien qu’une liste de villes ait été proposé par Thomas Jefferson à l’architecte afin de s’inspirer de leur plan, il prit quelques libertés en réalisant un damier sillonné par des diagonales et agrémentées de points circulaires sur le modèle des jardins de Versailles.   

Plan de Versailles en noir et blanc
Plan de Versailles

Malheureusement, le caractère intransigeant couplé de ses exigences jugées démesurées précipite Pierre Charles L’Enfant vers la démission en février 1792. Le terrain imparti n’était pas entièrement vierge. Certaines demeures de notables dont Daniel Carroll n’ont pas été prises en compte chez L’Enfant qui souhaitait les démolir. De plus, sa demande de salaire de 95 500 dollars était exorbitante. Le Congrès lui versa 3 800 dollars. À titre comparatif, les géomètres étaient généralement rémunérés entre deux et cinq dollars par jours. L’Enfant part avec les plans sans laisser de traces de son projet. 

Le plan de modèle néo-classique fut recopié par les collaborateurs de l’architecte de mémoire. Le Capitole et la Maison du Président ou Maison Blanche seront édifiés selon la conception du français.  

Plan actualisé de Washington D.C en couleurs
Le plan actuel de Washington D.C

Éclipse et retour à la mémoire 

Pierre Charles L’Enfant se réfugie finalement chez des amis dans le Maryland jusqu’à sa mort le 14 juin 1825 sans aucune reconnaissance et sans le moindre sou. Ce sont seulement quelques dizaines d’années plus tard, en 1909, que son corps est déplacé au cimetière national d’Arlington. Le Congrès élève en son nom un monument pour sa sépulture.  

Photographie représentant le monument de la Sépulture de Pierre Charles l'Enfant.
Monument de Sépulture de Pierre Charles L’Enfant

Portrait notoire 

Allyn Cox, Pierre Charles L’Enfant, 1974, huile sur toile, États-Unis, Capitole

Le célèbre architecte est représenté de profil avec le torse coupé comme s’il s’agissait de la sculpture d’un buste. Le chromatisme est pâle, atténué. Le fond bleu met en avant l’ocre du vêtement de l’homme. 

Pour plus découvrir d’autres thématiques autour de la culture rendez-vous sur notre plateforme de vidéos à la demande .