Hommage à Rosa Bonheur- 126 ans de sa mort  

Berthille Lorillou
Publié le 26 Mai 2025
Hommage à Rosa Bonheur- 126 ans de sa mort  

Rosalie Bonheur naît le 16 mars 1822 à Bordeaux et est la première femme à être décorée pour un fait artistique du grade de chevalier de la Légion d’honneur par l’Impératrice Eugénie, femme de Napoléon III. Puis, elle obtient le titre d’officier de la Légion d’honneur en 1894.  

Fille de Sophie Marquis (1779-1833), musicienne accomplie et de Raimond Bonheur (1796-1849), Rosa Bonheur ainsi que ses 4 frères et sœurs suivent le chemin professionnel de leur père. Ainsi, Rosa et sa fratrie choisissent de faire de la peinture animalière leur métier. Ils sont formés par leur père et évoluent au rythme des Salons. Rosa aînée de la famille encourage ses frères et sœurs après la mort de ses deux parents en 1833 et 1849. Isidore, le troisième enfant, se consacre à la sculpture animalière. Rosa décide alors à partir de 1850 de ne plus présenter de sculpture animalière au Salon afin de laisser son frère exposer.  

Deux grands lapins mangeant des carottes
Rosa Bonheur, Lapins, 1840, huile sur toile, 65 x 54 cm, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux 

De fait, la formation auprès de son père est fructueuse. À l’âge de quatorze ans, Rosa acquiert sa carte de copiste du Louvre. Dès 1841, elle à l’occasion d’exposer au Salon une de ses œuvres ; Les lapins.  

La personnalité hors du commun de l’artiste se vérifie tout au long de sa vie. En 1837, Rosa Bonheur rencontre Nathalie Micas (1824-1889). Une amitié amoureuse se noue entre les deux femmes. Elles décident de travailler et vivre ensemble. De même, elle décroche une “permission pour travestissement” de la préfecture de police l’autorisant à porter le pantalon, plus fonctionnel que la robe pour son activité. Ce dispositif était requis par l’ordonnance du 7 novembre 1800.  

La peintre du mouvement Réaliste chemine dans les campagnes et se rend dans les abattoirs afin d’avoir un rendu presque scientifique de l’anatomie dans ses peintures. 

Vers 1860, cette peintre gagne généreusement sa vie grâce aux nombreuses commandes et au soutien des marchands. 

Ceci lui permet d’acquérir le château de By en Seine-et-Marne dans lequel elle s’installe avec Nathalie et la mère de cette dernière, Henriette Micas (1806-1875). Le grand domaine lui confère la possibilité d’avoir des animaux en grande quantité. Elle n’est plus obligée de se déplacer avec ses outils dans le Jardin des Plantes par exemple.  

Atelier de Rosa Bonheur au château de By, à Thomery  

Dans les années 1870, Rosa décide même de s’atteler à la peinture de fauves. Elle devient propriétaire de deux lions dont elle fait don au Jardin des Plantes puis un second couple dont la durée de vie à By est très courte. 

Rosa Bonheur, El Cid, tête de lion, 1879, Museo Nacional del Prado 

Le Réalisme en peinture

Le Réalisme cherche à représenter le plus fidèlement possible le réel. Ce mouvement s’oppose par essence au néoclassicisme. Ce dernier puise son inspiration dans l’Antiquité gréco-romaine et attache une grande importance à la ligne et à la composition. Le réalisme s’inscrit davantage dans la mouvance de l’École de Barbizon par exemple. La nuance entre le Réalisme et le Naturalisme réside majoritairement dans la démarche. Le Réalisme est une initiative d’artistes tandis que le Naturalisme est soutenu par l’état. Il sert une cause politique pour essayer d’endiguer l’exode rurale. Le Naturalisme met régulièrement en avant le travail et la fatigue des paysans.  

Jules Bastien-Lepage, Les foins, huile sur toile, 160 x 195 cm, 1877, Paris, Musée d’Orsay 

Les artistes du courant Réaliste s’inscrivent fréquemment dans le Naturalisme.  

Gustave Courbet (1819-1877) est reconnu comme étant le chef de file de ce mouvement pictural. Il réalise Une après-dînée à Ornans, tableau dans lequel il bouleverse la hiérarchie des genres établie au XVIIe siècle par André Félibien. Il représente la scène de genre comme une scène historique : les personnages représentés sont nommés et les dimensions sont particulièrement grandes.  

Le réalisme redonne à la peinture de paysage sa grandeur. Ce genre pictural était le quatrième sur cinq dans la hiérarchie de Félibien.  

Rosa Bonheur, artiste du réalisme concile ces deux aspects du Réalisme : la peinture de genre et le paysage dans ses représentations d’Indiens d’Amérique.  

Rosa Bonheur, L’ours rocheux et la chemise rouge, 1890, huile sur panneau, Whitney Western Art Museum du Buffalo Bill Center of the West 

À la rencontre de Buffalo Bill et les Indiens 

Rosa Bonheur, Col. William F. Cody (Buffalo Bill), 1889, huile sur toile, 38,7 x 46,9 cm, Buffalo Bill Center of West 

Rosa Bonheur rencontre Buffalo Bill (1846-1917) à l’Exposition universelle de 1889. Cette figure emblématique de la conquête de l’Ouest américaine, crée et supervise les spectacles itinérants du Wild West Show entre 1883 et 1913. L’artiste peintre se lie d’amitié avec ce personnage et l’autorise même à pénétrer comme elle le souhaite dans l’enceint du cirque installé près de Neuilly dans une étape de sa tournée. Afin de le remercier, elle réalise son portrait.  

Hommages et postérité  

Sa compagne Nathalie Micas s’éteint en 1889. Suite à cet événement tragique, elle rencontre sa seconde compagne, l’américaine Anna Klumpke (1856-1942). Alors qu’elle était en cours de réalisation de son tableau La foulaison du blé en Camargue, Rosalie Bonheur décède en 1899. Anna Klumpke devient sa légataire universelle et veille au respect de la mémoire de son amie. Rosa est enterrée aux côtés de Nathalie Micas au cimetière Père-Lachaise.  

Rosa Bonheur, La Foulaison du blé en Camargue, 1864-1899, huile sur toile, 313 x 651 cm, Musée des Beaux Arts de Bordeaux 

De nombreux hommages ont été fait à la peintre qui tout au long de sa vie a donné un souffle à l’indépendance des femmes. Ainsi, le marchand Ernest Gambart (1814-1902) a offert à la ville de Fontainebleau un monument de mémoire à Rosa Bonheur en 1901. De même, les villes de Paris, Thomery et Fontainebleau ont renommé des rues au nom de l’artiste. L’ancienne demeure de Rosa Bonheur, le château By est aujourd’hui ouvert au public. L’atelier de la peintre n’a pas souffert du temps.  

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