Hommage à Diego Velázquez- 426 ans le 6 juin  

Berthille Lorillou
Publié le 19 Juin 2025
Hommage à Diego Velázquez- 426 ans le 6 juin  

C’est au sein d’une famille de la petite noblesse que Diego Rodríguez de Silva y Velázquez voit le jour en 1599 à Séville. Son talent est tel qu’il est rapidement confié à Francisco Herrera Le Vieux (1576-1654) avant d’intégrer pendant six ans l’atelier de Francisco Pacheco (1564-1644). Son maître, un intellectuel brillant est l’auteur du traité L’Art de la Peinture et initie son élève aux cercles intellectuels de la ville de Séville. Cette ville est très prospère et bénéficie du commerce avec les Amériques. 

L’Ascension du peintre 

À partir de 1617, Diego Velázquez prend son envol et rejoint la corporation des peintres de Séville. Il épouse et fonde une famille avec Juana, la fille de son maître avant de réaliser son premier voyage à Madrid. Il y rencontre le Comte-Duc d’Olivares, Gaspar de Guzmán (1587-1645), intermédiaire qui lui permet de devenir peintre du roi dès 1623. Lui qui autrefois peignait majoritairement des natures mortes et peintures de genre. Il obtient également dans sa jeunesse et tout au long de sa carrière des commandes ecclésiastiques. 

Diego Velázquez, Scène de cuisine avec le Christ dans la maison de Marthe et Marie, v.1618, huile sur toile, 60 x 103,5 cm, Londres, National Gallery
Diego Velázquez, Scène de cuisine avec le Christ dans la maison de Marthe et Marie, v.1618, huile sur toile, 60 x 103,5 cm, Londres, National Gallery

Cette œuvre forme une sorte de synthèse entre la peinture religieuse, scène de genre et nature morte. Le titre réfère au thème religieux issu des Évangiles de Saint-Luc dans le Nouveau Testament (10-38 à 10-42). Ce passage raconte le moment où Marthe reçoit Jésus dans sa maison. Une sorte de dualité entre monde terrestre et monde céleste est faite avec le tableau dans le tableau, mise en scène très prisée dans la peinture hollandaise. La scène de genre et la nature morte sont aussi tirées de la culture de Réforme Protestante en Hollande.  

Rapidement, l’artiste se retrouve propulsé dans une carrière en escaliers. Il devient peintre chambre en 1628, la plus haute reconnaissance. Dès 1629 se fait offrir par la couronne, un voyage de deux ans en Italie sous l’influence de Rubens. En 1644 il accède au poste de surintendant des travaux royaux. S’en suit un second voyage en Italie, cette fois ci à dessein commercial de 1649 à 1651. Philippe IV le nomme alors aposentador de palacio, maréchal de cour. Il se fit accorder le titre d’hidalgo (gentilhomme) et anoblir par Philippe IV un an avant de s’éteindre en 1660 d’épuisement en raison des préparatifs éprouvants de l’union entre l’infante Marie-Thérèse et le roi de France Louis XIV. 

Diego Velázquez, Portrait de l’Infante Marie Thérèse, 1653/1654, huile sur toile, 71,1 x 60,5 cm, Paris, musée du Louvre
Diego Velázquez, Portrait de l’Infante Marie Thérèse, 1653/1654, huile sur toile, 71,1 x 60,5 cm, Paris, musée du Louvre

Évolution de l’artiste  

Bien qu’André Félibien (1619-1695) ne mette en place sa hiérarchie des genres qu’en 1667, cette classification est reconnue de façon officieuse en Europe. 

1-Le Grand Genre (peinture d’histoire et mythologique) 

2-Le Portrait 

3-La scène de genre 

4-Le paysage 

5-La nature morte 

Ainsi, une des premières choses qui témoigne de la notoriété du peintre sont les types de commandes qui lui sont faites. Avant 1623, iconographies religieuses, scènes de genre et nature mortes étaient de mise. L’entrée à la cour du roi d’Espagne Philippe IV concentre sa production sur des portraits et représentations officielles.  

Diego Velázquez, L’Adoration des Mages, 1619, huile sur toile, Madrid, musée du Prado
Diego Velázquez, L’Adoration des Mages, 1619, huile sur toile, Madrid, musée du Prado

Des années 1630 à son second départ pour l’Italie, Velázquez atteint une grande maturité artistique. Il produit essentiellement des portraits, scènes mythologiques ou historiques. 

Diego Velázquez, portrait d’Innocent X, 1650, huile sur toile, 140 x 120 cm, Rome, Galerie Doria-Pamphilj
Diego Velázquez, portrait d’Innocent X, 1650, huile sur toile, 140 x 120 cm, Rome, Galerie Doria-Pamphilj

Diego Velázquez, Philippe Iv à cheval, 1634/1635, huile sur toile, 304 x 317 cm, Madrid, musée du Prado
Diego Velázquez, Philippe Iv à cheval, 1634/1635, huile sur toile, 304 x 317 cm, Madrid, musée du Prado

Diego Velázquez, La reddition de Breda ou Les Lances, 1634/1635, huile sur toile, 307 x 367 cm, Madrid, musée du Prado
Diego Velázquez, La reddition de Breda ou Les Lances, 1634/1635, huile sur toile, 307 x 367 cm, Madrid, musée du Prado

Les dix dernières années de sa vie, la responsabilité de maréchal de cour est extrêmement absorbante ce qui ne lui laisse que peu de temps pour peindre. Il parvient tout de même à effectuer quelques œuvres dont deux qui auront eu un succès qui ne s’est pas essoufflé.  

Diego Velázquez, Les Ménines, 1656/1657, huile sur toile, 318 x 276 cm, Madrid, musée du Prado
Diego Velázquez, Les Ménines, 1656/1657, huile sur toile, 318 x 276 cm, Madrid, musée du Prado

Diego Velázquez, La légende d’Arachné ou Les Fileuses, 1657/1658, huile sur toile, 220 x 289 cm, Madrid, musée du Prado
Diego Velázquez, La légende d’Arachné ou Les Fileuses, 1657/1658, huile sur toile, 220 x 289 cm, Madrid, musée du Prado

Techniques et manières 

Diego Velázquez apprend le métier de peintre auprès de Francisco Pacheco, un peintre maniériste. Ce courant se caractérise par l’abandon de la rigueur anatomique au profit de l’étirement des figures, de coloris vifs et de l’utilisation de la perspective. 

Francisco Pacheco, Le Jugement dernier, 1611/1614, huile sur toile, 338 x 235 cm, Castres, Musée Goya
Francisco Pacheco, Le Jugement dernier, 1611/1614, huile sur toile, 338 x 235 cm, Castres, Musée Goya

Le jeune peintre fait alors une sorte de synthèse entre son enseignement et le clair-obscur du Caravage. 

Tableau représentant une vielle dame faisant cuire des œufs dans une pièce sombre et étroite.
Diego Velázquez, Vieille faisant cuire ses œufs, 1618, huile sur toile, 101 x 120 cm, Édimbourg, National Gallery of Scotland

De plus, son premier voyage en Italie permet au peintre d’acquérir une grande culture picturale. L’admiration de peintres comme Michel-Ange, Le Tintoret, Raphaël, Giorgione et bien d’autres encore modifie quelque peu la palette et la touche du peintre qui réalise même une Vue du jardin de la Villa Médicis qui inspirera les impressionnistes. Édouard Manet le décrit d’ailleurs comme : “Le plus grand peintre qui ait jamais existé”.  

Diego Velázquez, Vue du jardin de la Villa Médicis, le pavillon d’Ariane, 1630, huile sur toile, 44 x 38 cm, Madrid, musée du Prado
Diego Velázquez, Vue du jardin de la Villa Médicis, le pavillon d’Ariane, 1630, huile sur toile, 44 x 38 cm, Madrid, musée du Prado

Tableau représentant une barque sur l'eau près d'une maison lors d'une inondation à Port-Marly
Alfred Sisley, La barque pendant l’inondation, Port-Marly, 1876, huile sur toile, 61 x 50 cm, Paris, musée d’Orsay

Velázquez est un peintre prodigieux et internationalement reconnu. Il fut sans aucun doute l’un des peintres les plus riches de sa génération.  

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