Raymond Depardon, un photographe du réel

Raymond Depardon, photographe et journaliste aux multiples casquettes , fête ses 83 ans ce dimanche 6 juillet. Entre reportage de guerre, photographie de rue ou encore documentaire engagé, revenons sur la carrière de ce maître de l'image dont le travail a marqué les esprits et les idéaux sociaux.

"Il n'y a rien de plus universel qu'un photographe, c'est quelqu'un qui fait des photos pour tout le monde", a déclaré Raymond Depardon au micro de Radio France. Issu d’une famille de cultivateurs, Raymond Depardon a traversé les époques à l’aide de son appareil pour photographier et filmer le monde. Passant d’un continent à un autre avec une multitude de sujets, ce photographe renommé porte un regard direct sur notre monde où l'anodin et l’ordinaire sont ses mots d'ordre.

Retour sur les moments clés

Né le 6 juillet 1942 à Villefranche-sur-Saône, Raymond Depardon obtient son premier appareil 6X6 en 1954,. A l'origine destinée à son frère, ce petit boitier va jouer un rôle clé dans la vie de Depardon. Vivant dans une ferme en milieu rural, ces premières photographies sont celles de son quotidien. Animaux, match de foot ou encore photos de famille, Raymond capture ce qui l’entoure.

Travaillant comme apprenti dans la boutique opticienne de Villefranche-sur-Saône, c’est au côté de Louis Foucherand que Raymond se forme en 1958. L’année d’après, le jeune photographe intègre l’agence de presse magazine Dalmas. Sa carrière est lancée et sa quête du monde ouverte.

Son premier voyage fut réalisé en Afrique en 1960 afin de suivre l'expédition SOS Sahara. Cette expédition lui à value une publication dans Paris Match et à été un véritable levier pour sa carrière. À cet instant, Depardon le sait, le monde l’attend. Guerre d’Algérie, du Vietnam, en passant par le Tchad, le Biafra ou encore Prague, le photographe est à la recherche des regards et histoires de chacun. En 1966, il crée sa propre agence nommée Gamma. Celle-ci lui a permis de mieux contrôler ses images et son sujet, bien que celle-ci ne soit plus en activité. Et c'est en 1979, que Depardon finit par rejoindre le mythique groupe Magnum au photographes renommés.

Et du côté de la vidéo ? Si Depardon est connu pour avoir un appareil en main, les productions audiovisuelles ne sont jamais bien loin. C’est en 1963 qu’il réalise son premier court métrage nommé Venezuela . Quelques années plus tard, en 1974, c'est son premier long métrage documentaire qui voit le jour. Celui-ci porte sur la campagne de Valéry Giscard d’Estaing nommée : 1974, une partie de campagne, sorti en salles en 2002.

Parcourant le monde et les histoires, Depardon a été récompensé à plusieurs reprises pour ses travaux.  En 1985, il reçoit le César du meilleur court métrage pour New York, NY . En 1991, il conquit le Grand Prix national de la photographie. Et c'est en 2024 qu'il séduit La BnF en remportant lé récompense annuelle, une première pour un photographe.

Un engagement

Commençant par photographier son quotidien, Depardon a développé un certain engagement et curiosité pour l'ordinaire. De nature timide et humble, la justice, la ruralité ainsi que la solitude sont ses thèmes de prédilection. De la photographie du jeune homme sur le mur de Berlin, en passant par celles où des enfants jouent dans un parc à Glasgow ou encore, ses nombreuse clichés portant sur la campagne française, Depardon s’approche de ces sujets pour en capturer l’essence même.  En 2003, il obtient même une autorisation exceptionnelle pour filmer les audiences du tribunal correctionnel de Paris : 10ᵉ Chambre – Instants d’audiences. Un documentaire qui sera présenté à Cannes en 2004, faisant état de la justice française au cœur de celle-ci.

Portant un regard direct sur le monde, Depardon aura filmé ce qu’on appelle la diversité. Son appareil s’est glissé dans les moindres recoins, en France comme à l’étranger, cherchant l'authenticité. Avec une grande carrière derrière lui, Raymond ne se lasse pas de la photographie et reste humble face à son travail. "Quoi de mieux que de rêver d’avoir une photo de 400 mètres carrés sur la rue de Rivoli ? (…) J’étais photojournaliste, donc ça n’a jamais été le but de ma vie d’exposer", a-t-il déclaré à l’AFP lors de son exposition de photographies réalisée pendant les jeux Olympiques entre 1964 et 1976 en amont des JO de Paris.

La réalité de Depardon

Avec son œil direct et aiguisé, la vie et les expériences de Depardon ont influencé ces photographies rendant son cadrage unique. “Mon passé, ma culture, mon parcours, ma solitude, ma vie sentimentale sont des éléments qui déterminent ma façon de cadrer et de voir les choses. C’est assez douloureux."  déclare-t-il.

La photographie du réel étant un art à part entière, s’adapte à la réalité de chacun, créant des perceptions différentes et des angles changeants. “Je pense que le propre d'un photographe, c'est de trahir le réel.” Il faut simplement maîtriser cette trahison, et il faut qu'elle soit en cohérence avec soi-même… Je pense que je trahis certaines choses. Mais j’essaie de ne pas me trahir moi-même”, explique Depardon. 

Avec de nombreux courts et longs métrages, photographies et livres à son actif, Depardon est un photographe à part entière dont les yeux sont à la recherche de regards et d’histoires, transmettant le monde dans toute sa diversité.

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