Hommage à Rubens- 385 ans de sa mort le 30 mai

Berthille Lorillou
Publié le 30 Mai 2025
Hommage à Rubens- 385 ans de sa mort le 30 mai

Pierre Paul Rubens naît le 28 juin 1577 à Siegen en Westphalie et décède le 30 mai 1640 à Anvers. Originaire d’un famille aisée protestante, le jeune Rubens réalise des études prestigieuses qui le destinaient en premier lieu à devenir avocat. Il se destinera finalement à la peinture.  Son père Jan Rubens (1530-1587) était lui-même avocat, tandis que sa mère Maria Pypelinckx (1537-1608) était fille d’un marchand de tapisseries. 

Peter Paul Rubens, Autoportrait, 1639, huile sur toile, 85 x 109,5 cm, Vienne, Kunsthistorisches Museum 

Pierre Paul Rubens grandit dans le contexte de la Contre-Réforme. Ses parents protestants sont forcés de se réfugier près de Cologne et de se convertir au Christianisme pour échapper aux persécutions des Pays-Bas espagnols.  

La Contre-Réforme

La Contre-Réforme ou Réforme Catholique est une réaction à la Réforme Protestante. 

La Réforme Protestante est engagée au début du XVIe siècle par Martin Luther puis Jean Calvin. L’Église catholique romaine est alors malmenée. Luther et Calvin critiquent les excès de l’Église catholique notamment vis à vis du patrimoine artistique trop riche. Dans les pays protestants, les sept Provinces-Unies du Nord (Hollande, Zélande, Gueldre, Utrecht, Frise, Overijssel et Groningue), tout est simple et sobre dans les décorations. Dans ses 95 thèses publiées en 1517, Martin Luther rejette le culte des images et des reliques. Il proteste également contre le commerce des indulgences dans lequel les pèlerins payent : “un ticket pour le paradis”.  Lors de cette période, l’Europe assiste à une destruction des images sacrées et davantage les images saintes. Dans le protestantisme, le culte des saints est considéré comme étant une entrave au rapport direct avec Dieu.  

Ceci a une incidence sur les sujets et le mécénat artistique. Les genres de prédilection à la suite de la réforme protestante sont le portrait, le paysage, les scènes historiques et mythologiques, les natures mortes, les peintures animalières et surtout les scènes de genre pour lesquelles les peintres comme Vermeer, Rembrandt et Frans Hals sont particulièrement reconnus.  

Johannes Vermeer, Le Géographe, v.1668-1669, huile sur toile, 51,6 x 45,4 cm, Allemagne, Francfort-sur-le-Main, Städelsches Kunstinstitut 

Ainsi, la Contre-Réforme est menée par l’Église romaine. Cette dernière met en place une riposte théologique. Elle conçoit des ordres missionnaires, des inquisitions dans le but d’évangéliser les territoires nouveaux et lointains comme la Chine, le Japon ou l’Amérique du Nord. En 1542, le tribunal de l’inquisition ou le Saint Office (brûler les hérétiques) est rétablit. L’Index Librorum Prohibitorum  (liste des ouvrages interdits) est créé en 1559.  

Afin de restaurer l’autorité de l’Église catholique, le Concile de Trente est instauré entre 1545 et 1563. Il contient 15 sessions et la dernière n 1563 est dédiée à la question des images. Une frénésie créatrice naît de la Contre-Réforme. L’image religieuse prend alors deux fonctions. Émouvoir le fidèle par le biais de figures de martyrs, les passions de l’âme et également le rôle d’éduquer le fidèle sur l’histoire de l’Église catholique.  

Peter Paul Rubens, Le martyre de Sainte Etienne (panneau central du triptyque), 1616-1617, huile sur toile, Valenciennes, Musée des Beaux-Arts 

De fait, Rubens s’inscrit dans cette vague post Tridentine avare de créations.

Formation et influences 

Pierre Paul Rubens débute son apprentissage dans l’atelier du paysagiste Tobias Verhaecht en 1591. En 1592, il entre sous la supervision du portraitiste Adam van Noot. 

Le peintre s’attelle déjà aux thèmes épiques et religieux. En 1598, il s’inscrit comme maître à la guilde de Saint-Luc d’Anvers dans le but de bénéficier des privilèges qu’offre cette corporation.  

Désireux d’étudier les chefs-d'œuvre Italiens des grands maîtres comme Michelangelo, Buonarroti, Raphael Sanzio, Titien, Tintoret ou encore Véronèse. Il se rend à Venise, Rome et Mantoue où il s’installe. À Mantoue il entre en contact avec le duc Vincenzo I Gonzague pour qui il entre au service et y passe la majeure partie de son séjour en Italie. C’est le début de sa vie courtisane. 

En bas à gauche du panneau, les portraits de Vincenzo et Guillaume Gonzague sont représentés. 

Peter Paul Rubens, La famille Gonzague adorant la Trinité, v.1604-1605, huile sur toile, 384 x 481 cm, Mantoue, Palais ducal 

L’étude des travaux antiques et des maîtres italiens modifie son style et sa façon de travailler.  
En 1608, il rentre définitivement à Anvers et ouvre un atelier prospère. Il est nommé peintre de l’archiduc Albert de Habsbourg, gouverneur des Flandres et de son épouse Isabelle Claire Eugénie en 1609. Rubens devient alors l’un de ses conseillers diplomatiques les plus influents.  

Style et technique    

Rubens s’impose rapidement comme l’un des artistes les plus reconnus d’Europe. Il élabore une méthode fructueuse afin de diffuser ses œuvres à grande échelle. Il utilise la gravure pour reproduire ses créations. Sous sa conduite, une école de graveurs se forme. Son collectif se compose alors de burinistes, d’aquafortistes et graveurs sur bois.  

Le buriniste utilise un burin, outil tranchant pour inciser des motifs dans la matière travaillée. L’aquafortiste travaille usuellement sur cuivre mais peut aussi utiliser d’autres supports. Il utilise l’eau forte, un acide nitrique attaquant le cuivre.  

Son expérience italienne a fait naître dans ses créations un important contraste entre ombre et lumière accompagné d’une théâtralité saisissante. Inspiré par Michel Ange, il représente des corps musclés et imposantes comme on peut les observer dans la chapelle Sixtine. Dans les années 1610, son style évolue vers des couleurs plus claires et vives. Ses figures rendent compte de son étude des travaux antiques et leur disposition dans l’espace devient plus équilibrée. Rubens est considéré comme un pionnier de l’art baroque notamment grâce à sa conception spatiale mais également par son application de la lumière étincelante.  

Afin de rendre ses personnages plus authentiques, le peintre travaille fréquemment d’après un modèle vivant comme cela se faisait dans le milieu anversois.  

Peter Paul Rubens, L’Annonciation, v.1610, huile sur toile, 310 x 179 cm, Belgique, Anvers, Rubenshuis  

Un artiste diplomate  

Rubens évolue dans les sphères aristocratiques et officie pour de nombreuses cours d’Europe. En Italie avec le duc de Gonzague puis en France, en Angleterre, en Espagne et en Autriche.  

En 1622, Marie de Médicis, veuve du roi Henri IV lui commande le Cycle de Marie de Médicis destiné à décorer la Galerie Médicis au Palais du Luxembourg. Le maître réalise les 24 œuvres qui la compose de sa propre main en seulement quatre ans. Cette œuvre est inaugurée à l’occasion de l’union de Charles Ier d’Angleterre avec Henriette Marie de France, fille de Marie de Médicis dans la galerie ouest du palais du Luxembourg le 11 mai 1625.  

Il réalise alors les portraits de Marie de Médicis et Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, fils de Marie de Médicis avec le roi Henri IV. Les deux femmes sont représentées dans la même composition, vêtues de noir avec une fraise blanche, une expressivité impassible.

Sur la sollicitation de l’infante Isabelle Claire Eugénie, Rubens se rend à Madrid en 1628 pour une fonction diplomatique. L’ambition était de rétablir la paix entre les Provinces Unies et les Pays-Bas espagnols. Il fréquente le fameux peintre Velázquez et effectue de nombreux portraits pour Philippe IV d’Espagne. Suite à cela, Rubens obtient une série de titres honorifiques. En 1629, le peintre est nommé Secrétaire du Conseil des Flandres par Philippe IV d’Espagne. Puis, lors de la proclamation de paix entre l’Angleterre et l’Espagne le 15 décembre 1630, Pierre Paul Rubens est fait Chevalier par Charles Ier d’Angleterre et l’année suivante il est fait Chevalier par Philippe IV d’Espagne.  

Cette période est aussi portée dans la réussite de sa vie privée car veuf depuis 1626, l’artiste se remarie en 1630 avec la jeune Hélène Fourment.

Antoine Van Dyck, Charles Ier et son épouse Henriette-Marie avec leurs deux enfants aînés, le prince Charles et la princesse Mary, 1632, huile sur toile, 303,8 x 256,5 cm, Royaume-Uni, Royal Collection

De l’artisan à l’artiste  

Pierre Paul Rubens succombe d’une goutte chronique le 30 mai 1640, il y a maintenant 385 ans. Il décède dans la richesse et la reconnaissance. Il fut l’artiste le plus fécond des peintres flamands à tel point qu’il est presque impossible de connaître le nombre exact entre les peintures, gravures et dessins sorti de son atelier ou réalisé de sa seule main. L’un de ses élèves les plus connus est Antoine Van Dyck.  

Antoon van Dyck, Charles Ier, roi d’Angleterre (1600-1649) à la chasse, 1625-1650, huile sur toile, 207 x 266 cm, Paris, musée du Louvre

Rubens incarne la dynamique contemporaine de reconnaissance de l’artiste et non comme artisan. En France, cela va surtout fleurir avec la création de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1648 et du passage au statut d’Académie de la Corporation de Saint Luc en 1649 à l’initiative de Simon Vouet (1590-1649).  

Une grande partie des œuvres de Rubens ont été répertoriées dans les Catalogues raisonnés de John Smith et Voorhelm Schneevoogt. L’apprentissage et les productions du grand maître flamand ont inspiré de nombreux peintres reconnus comme Watteau ou Delacroix et continuent de faire rêver les amateurs d’art.

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