Hommage à André Derain- 145 ans le 10 juin 

Berthille Lorillou
Publié le 20 Juin 2025
Hommage à André Derain- 145 ans le 10 juin 

Photo d'André Derain et avec Maurice de Vlaminck
André Derain et Maurice de Vlaminck

André Derain naît le 10 juin 1880 à Chatou. Ville dans laquelle de nombreux artistes puisent leur inspiration.   

André Derain influence et se fait influencer par la peinture. Il représente toute l’ambivalence de l’artiste entre innovation et inspiration. Au fur et à mesure de sa carrière, Derain expérimente les styles, les mediums et les influences. Il bénéficie d’un grand succès en France et à l’internationale et est vu comme l’un des artistes les plus significatifs de l’entre-deux guerres. Mobilisé pour participer à la Première Guerre Mondiale, sa production est à l’arrêt. Cependant, grâce à Guillaume Apollinaire et sa future épouse Alice Géry la première exposition personnelle de Derain est mise au jour à la galerie Paul Guillaume en 1916. Cet événement participe grandement à sa reconnaissance dans le cercle parisien.  

Rencontres décisives  

Enfant d’un milieu aisé, c’est au lycée que le jeune André commence à peindre. Il décide de s’employer à l’art et intègre en 1898 l’Académie Camillo. Il y étudie la peinture classique auprès d’Eugène Carrière, un peintre symboliste.  

Eugène Carrière, Jean Dolent, 1898, lithographie, Washington DC, National Gallery of Art
Eugène Carrière, Jean Dolent, 1898, lithographie, Washington DC, National Gallery of Art

Cette école est un nid de talents. Derain fait la connaissance d’Henri Matisse (1869-1954), Georges Rouault (1871-1958), Jean Puy (1876-1960), Albert Marquet (1875-1947). Suite à cela, Vlaminck et Derain font connaissance à bord d’un train, et Derain effectue son service militaire entre 1901 et 1904. L’association des deux artistes pendant une quinzaine d’années va être décisive dans leur production artistique, mais aussi pour l’histoire de la peinture. Ils partagent un atelier à Chatou.  

Derain et le Fauvisme  

En 1904, Derain s’inscrit à l’Académie Julian. Henri Matisse incite Derain et Vlaminck à participer au Salon des Indépendants au début du printemps où il expose son fameux Luxe, calme et volupté. André Derain rejoint Matisse à Collioure. Ils élaborent de concert les propriétés de ce que Louis Vauxcelles désignera comme la peinture fauve. Vlaminck, et les deux peintres seront exposés, avec un collectif d’artistes dans la salle VII du Salon d’Automne de 1905.  

André Derain, Le séchage des voiles, 1905, huile sur toile, 82 x 101 cm, Moscou, musée Pouchkine
André Derain, Le séchage des voiles, 1905, huile sur toile, 82 x 101 cm, Moscou, musée Pouchkine

Le séchage des voiles est une des œuvres exposées par l’artiste dans “la cage aux fauves”. 

Les caractéristiques du Fauvisme incluent des couleurs vives, saurées, une touche par aplats et une simplification des traits.  

Première transition (1907-1914) 

André Derain décide de quitter Chatou pour Paris. En 1905, Ambroise Vollard, l’illustre marchand lui avait acheté l’entièreté des œuvres de son atelier ce qui permit au peintre de vivre pleinement de son art. Il s’installe à Montmartre auprès des fauves et cubistes. Il y rencontre Alice Géry avec qui il s’unira en 1926. Dans les années 1906 et 1907, il séjourne quelques mois à Londres où il s’intéresse à l’art primitif découvert antérieurement par Derain et Vlaminck comme au musée du Trocadéro par exemple. Les conséquences sur son style se trouvent en la géométrisation des formes ainsi que des couleurs moins tranchantes.  

André Derain, Maisons au bord de l’eau, 1910, huile sur toile, Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage
André Derain, Maisons au bord de l’eau, 1910, huile sur toile, Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage

Anonyme (Afrique, Gabon), Masque Fang, bois exotique peint, 42 x 28,5 x 14,7 cm, Paris, Centre Pompidou
Anonyme (Afrique, Gabon), Masque Fang, bois exotique peint, 42 x 28,5 x 14,7 cm, Paris, Centre Pompidou

Ce masque a appartenu à Maurice de Vlaminck puis à André Derain lui même  

L’artiste séjourne quelques temps dans le sud de la France et en Catalogne. Il participe avec Picasso et Braque à l’élaboration du style cubiste.  

Georges Braque, Les usines de Rio Tinto à l’Estaque, huile sur toile, 1910, Paris, Centre Pompidou
Georges Braque, Les usines de Rio Tinto à l’Estaque, huile sur toile, 1910, Paris, Centre Pompidou

Pablo Picasso, Le joueur de guitare, huile sur toile, 1910, Paris, Centre Pompidou
Pablo Picasso, Le joueur de guitare, huile sur toile, 1910, Paris, Centre Pompidou

André Derain expose au célèbre Armory Show de New York en 1913 accompagné entre autres par Marcel Duchamp (1887-1968), Pablo Picasso (1881-1973) et Raoul Dufy (1877-1953). 

La Première guerre Mondiale et l’entre-deux guerres 

Cet événement traumatique pousse Derain à revenir aux sources. Il revient à un style plus réaliste et aux modèles classiques. Sa production se concentre sur les thèmes des natures mortes comme des fleurs en bouquet, des paysages mais également des personnages à travers des portraits et des nus.  

André Derain, Roses sur fond noir, 1932, huile sur toile, 73 x 81 cm, Paris, musée de l’Orangerie
André Derain, Roses sur fond noir, 1932, huile sur toile, 73 x 81 cm, Paris, musée de l’Orangerie

André Derain, Nu à la cruche, 1925, huile sur toile, 170 x 150,5 cm, Paris, musée de l’Orangerie
André Derain, Nu à la cruche, 1925, huile sur toile, 170 x 150,5 cm, Paris, musée de l’Orangerie

De plus, André Derain ne se consacre pas uniquement à la peinture. Il effectue également des illustrations et des décorations pour des pièces de théâtre. Dès 1919 il réalise des marionnettes mécaniques pour Serge de Diaghilev (1872-1929), fondateur des ballets russes. Puis confectionne décors et costumes pour d’autres ballets, opéras et pièces de théâtres particulièrement dans la décennie 1920.  

Dans les années 1930, il se consacra majoritairement au domaine de l’illustration. Il œuvre en grande partie pour les parutions de son ami Guillaume Apollinaire. Il effectue aussi des ornements aux rééditions de recueils comme ceux de Rabelais, Pétrone et Oscar Wilde.  

Illustrations pour Pantagruel, (Roman de François Rabelais), 1943
Illustrations pour Pantagruel, (Roman de François Rabelais), 1943

Seconde Guerre Mondiale et fin de vie 

Lorsque l’occupation allemande débute, Derain se réfugie auprès de Braque. L’artiste participe uniquement à des expositions étrangères. Il ne souhaite pas être engagé dans une quelconque affaire du gouvernement de Vichy. Cependant, en 1941, il participe à un voyage en Allemagne invité par Arno Breker (1900-1991), sculpteur officiel du régime Nazi. Bien que Derain se joigne à cet événement en tant qu’Ambassadeur de la culture française en contrepartie de la remise en liberté de déportés et prisonniers de guerre. Cet épisode organisé par Joseph Goebbels n’était en réalité qu’une propagande culturelle nazie qui n’a pas respecté ses engagements. André Derain est jugé pour collaboration et enfin innocenté. Seulement, cela n’est pas sans impact sur la fin de carrière de l’artiste.  

Il décède le 8 septembre 1954 pour causes des blessures subies en juillet 1954 lorsqu’il s’est fait renverser par une voiture. Le célèbre artiste est enterré au cimetière de Chambourcy.  

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