Le Fauvisme : un mouvement haut en couleurs

Le Salon d’Automne de 1905 donne le coup d’envoi au Fauvisme. Dans la salle VII de ce Salon tenu à Paris au Grand Palais, les œuvres d’Henri Matisse, Maurice de Vlaminck, André Derain, Henri Manguin, Charles Camoin et Albert Marquet sont exposés. Visiteurs et critiques d’art déambulent et découvrent des œuvres originales hautes en couleurs. À cette occasion, Louis Vauxcelles écrit un article moqueur qui vaudra son nom au mouvement. Il écrit :  

“Au centre de la salle, un torse d’enfant, et un petit buste en marbre d’Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend, au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello chez les fauves” 

Louis Vauxcelles

Une des peintures qui fait particulièrement scandale est La Femme au Chapeau d’Henri Matisse et qui vaudra au peintre le surnom de “Roi des Fauves”.  

Cette toile illustre les caractéristiques principales de ce mouvement à savoir : une palette de couleur expressive. Les tons purs poussé au paroxysme de leur intensité contrastent les uns des autres. Il n’y a pas de dessin, de larges aplats de couleurs forment le motif. La présence d’un cerne noir est régulièrement observée, délimitant les espaces.  

Un chromatisme défiant les lois de la perception 

Ce chromatisme au début du XXe siècles est rendu possible grâce à l’invention des tubes de peinture dans les années 1840 mais principalement avec les théories sur les couleurs du chimiste Michel-Eugène Chevreul de 1839. Chevreul en travaillant à la Manufacture des Gobelins constate que l’œil humain ne perçoit pas une couleur en tant que tel, mais est toujours conditionné par les couleurs environnantes. Il reprend et améliore le cercle chromatique et théorise les couleurs complémentaires chaudes et froides, situées à l’opposé les unes des autres sur le cercle chromatique.  

La manière de peindre rappelle les impressionnistes et leur touche vive. Les sujets et la dissociation chromatique entre le réel et la création de rapproche davantage des Nabi et de l’École de Pont-Aven.  

Gauguin a joué un rôle formateur sur les artistes Nabi. Il rencontre Paul Sérusier et lui dit de ne pas représenter les paysages de façon mimétique, mais de privilégier sa propre perception. Ce phénomène est particulièrement visible dans les représentations d’Annonciation de Maurice Denis. Un avant après sur la prise de liberté quant à la couleur. 

Quelques ouvres phares du fauvisme  

Lors de son voyage à Londres, Derain effectue une trentaine de toiles. Il réalise la chaussée et la vue urbaine en large aplats de peinture. Le ciel et l’eau sont formés avec des touches fragmentées rappelant le divisionnisme et le pointillisme. La division de la couleur fait écho au tableau de Signac, La bouée rouge. 

La gamme chromatique est très proche de celle utilisée pour La femme au chapeau. Le visage de la femme est séparé par une “raie verte” suivant la ligne de son nez. Une sorte d’effet d’ombre est représentée sur la moitié gauche de son visage dans les tons verdâtres. Ses cheveux sont formés de bleu et de mauve. Le tout est organisé par un cerne noir. Matisse bouleverse les codes d’un des genres les plus valorisés, le portrait. Ici, le peintre abandonne les directives de ressemblance et mise en scène qui caractérisent le Portrait.   

Dufy présente les vieilles maisons d’Honfleur à travers un prisme coloré et joue sur le reflet. Un jeu est créé entre l’original et son reflet. Le travail se base sur la couleur plus que sur la réalité topographique. Le paysage est un sujet de prédilection pour les artistes Fauves qui comme les Nabis ont beaucoup voyagé.

Et le sujet ?  

Le fauvisme comme le Cubisme sont des courants éphémères mais qui marquent le coup d’envoi des avant-gardes du XXe siècle. Ils se prolongent avec les surréalistes. Peu à peu, le sujet tend à disparaître. Les sujets deviennent des prétextes à peindre. Maurice Denis, chef de file des Nabis dit à ce propos :  

“un tableau est avant tout un support de la couleur”.  

Maurice Denis

Ceci se constate quelques années plus tard avec l’évolution artistique de Piet Mondrian (1872-1944) dont les œuvres de maturité sont nommées par des numéros.  

Pour en savoir plus sur les mouvements artistiques à travers les époques, retrouvez tous nos programmes et articles dédiés sur notre plateforme en ligne.

Profitez de l’été pour (re)découvrir les grands courants artistiques sur Museum TV. En juillet et en août, plongez chaque soir dans l’univers de vos artistes préférés.

Rendez-vous le samedi, à partir de 18h sur Museum TV et en replay sur notre plateforme de vidéo à la demande, pour que le mouvement n’ait plus de secrets pour vous !